Ce jour-là, Grégoire Paillard, natif de Coray, habitant de Névez, inscrit maritime au quartier de Concarneau, grade:. Matelot de 1ère classe fusilier, disparaît sur le Lac Supérieur aux Etats-Unis. Il est « Mort pour la France ».
Surpris comme les britanniques par les sous-marins, la France va faire feu de tout bois pour tenter de mettre fin à l’hémorragie provoquée par les U-Boot de la Kaiserliche Marine. Après avoir testé les bateaux-pièges et les corridors protégés par des champs de mines, les alliés ont vite compris que pour protéger les cargos et les pétroliers, le convoi escorté était la meilleure arme. Qui dit convoi dit escorteurs. Les chantiers et les arsenaux français étant vite saturés (en partie à cause du fait qu’ils devaient produire munitions et véhicules pour l’armée de terre), décision est prise de commander 38 patrouilleurs aux Etats-Unis. Ces navires commandés à la Foundation Company de Savannah.
Cette commande ayant nécessité la construction d’un nouveau chantier, seulement huit navires sont livrés après l’armistice de 1918. La marine nationale n’ayant pas de rôle à attribuer à ces navires, ils sont revendus à des armements de pêche. Les autres navires furent terminés en 1919 et achetés aux Etats-Unis. La France avait créé une unité de marins chargée de réceptionner et d’acheminer les patrouilleurs: le Centre Naval de Savannah auquel Grégoire Paillard fut affecté. Un autre centre naval était créé à New-York dans le même but.
Parallèlement à ces commandes, 6 patrouilleurs auxiliaires (ou chalutiers armés) avaient également été commandés au Canada, aux chantiers navals Great Lakes Dredging Co de Thunder Bay en Ontario. Grégoire y est envoyé en mission.
Les 3 premiers sont mis à flot le 3 octobre 1918 et livrés le 21 novembre. Ils quittent Thunder Bay le jour même pour la France: ce sont le Sébastopol, le Cérisole et l’Inkermann. Le 24 novembre, un ouragan se déchaîne sur le Lac Supérieur entraînant le naufrage du Cérisole et de l’Inkermann:, victimes d’un problème de stabilité. 38 marins, dont Grégoire Paillard, à bord de l’Inkermann, disparaissent.
Grégoire avait 23 ans et était marié à Marie, couturière au Bourg, âgée de 20 ans. Il ne connaîtra pas son fils Grégoire né en 1919.
Le Sébastopol arrivera à gagner la France.
A la suite du naufrage, tous les autres patrouilleurs seront refusés par la marine française, désarmés à Boston et vendus au secteur civil.
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